[film]Le cauchemar de Darwin
- m1ro
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[film]Le cauchemar de Darwin
Un film franco-belge et autrichien de Hubert Sauper
Genre : Documentaire - Durée : 1H47 mn
Les rives du plus grand lac tropical du monde, considéré comme le berceau de l'humanité, sont aujourd'hui le théâtre du pire cauchemar de la mondialisation. En Tanzanie, dans les années 60, la Perche du Nil, un prédateur vorace, fut introduite dans le lac Victoria à titre d'expérience scientifique. Depuis, pratiquement toutes les populations de poissons indigènes ont été décimées. De cette catastrophe écologique est née une industrie fructueuse, puisque la chair blanche de l'énorme poisson est exportée avec succès dans tout l'hémisphère nord. Pêcheurs, politiciens, pilotes russes, industriels et commissaires européens y sont les acteurs d'un drame qui dépasse les frontières du pays africain. Dans le ciel, en effet, d'immenses avions-cargos de l'ex-URSS forment un ballet incessant au-dessus du lac, ouvrant ainsi la porte à un tout autre commerce vers le sud : celui des armes.
Je l'ai pas vu mais ça a l'air interessant, il est sortie au cinéma le 2 Mars.
"Lorsque vous entendez parler de nouveaux combats dans l’Afrique des Grands Lacs, Européens réjouissez-vous, le cours du poisson va baisser."
"L’écoeurement gagne peu à peu, quand Hubert Sauper nous décrit le mode de vie des pêcheurs, le développement des villes champignons au bord du lac, autour de l’aéroport, l’essor de la prostitution, la propagation instantanée du sida, l’utilisation des résidus plastiques des usines par les enfants pour fabriquer une colle hallucinogène, la multiplication rapide des orphelins, sans abri fixe, la désagrégation du tissu social traditionnel autour du lac... "
http://www.afrik.com/article7931.html
Genre : Documentaire - Durée : 1H47 mn
Les rives du plus grand lac tropical du monde, considéré comme le berceau de l'humanité, sont aujourd'hui le théâtre du pire cauchemar de la mondialisation. En Tanzanie, dans les années 60, la Perche du Nil, un prédateur vorace, fut introduite dans le lac Victoria à titre d'expérience scientifique. Depuis, pratiquement toutes les populations de poissons indigènes ont été décimées. De cette catastrophe écologique est née une industrie fructueuse, puisque la chair blanche de l'énorme poisson est exportée avec succès dans tout l'hémisphère nord. Pêcheurs, politiciens, pilotes russes, industriels et commissaires européens y sont les acteurs d'un drame qui dépasse les frontières du pays africain. Dans le ciel, en effet, d'immenses avions-cargos de l'ex-URSS forment un ballet incessant au-dessus du lac, ouvrant ainsi la porte à un tout autre commerce vers le sud : celui des armes.
Je l'ai pas vu mais ça a l'air interessant, il est sortie au cinéma le 2 Mars.
"Lorsque vous entendez parler de nouveaux combats dans l’Afrique des Grands Lacs, Européens réjouissez-vous, le cours du poisson va baisser."
"L’écoeurement gagne peu à peu, quand Hubert Sauper nous décrit le mode de vie des pêcheurs, le développement des villes champignons au bord du lac, autour de l’aéroport, l’essor de la prostitution, la propagation instantanée du sida, l’utilisation des résidus plastiques des usines par les enfants pour fabriquer une colle hallucinogène, la multiplication rapide des orphelins, sans abri fixe, la désagrégation du tissu social traditionnel autour du lac... "
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- m1ro
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Re: [film]Le cauchemar de Darwin
Il passe ce soir sur Arte, à 20h40 !
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- Vince
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Re: [film]Le cauchemar de Darwin
pour ceux qui ont le coeur bien accroché, c'est un film à voir ABSOLUMENT !!!
Bon souffle à tous !
Re: [film]Le cauchemar de Darwin
Dans le cadre d'un festival cinematographique, on est allé le voir au ciné avec le lycée. Il est vrai que ce film est bien et dénonce vraiment la pauvreté en tanzani.
Moi ce qu'il m'a le plus choqué c'est la pauvreté des enfants dans la rue qui sont obliger de se chouter avec des vapeurs toxiques de plastique brulé pour dormir tranquilement ou suporter la violence des adultes.
Qui d'autre a vu le film?
Moi ce qu'il m'a le plus choqué c'est la pauvreté des enfants dans la rue qui sont obliger de se chouter avec des vapeurs toxiques de plastique brulé pour dormir tranquilement ou suporter la violence des adultes.
Qui d'autre a vu le film?
- m1ro
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Re: [film]Le cauchemar de Darwin
oui je viens de voir aussi que pas mal de contre enquetes ont été faites et contredisent ce que dit le film.
Contre-enquête sur un cauchemar
Avec son immense labyrinthe de tréteaux où sèchent, en plein vent, des rebuts de poissons grouillants de vermine, la scène est immédiatement reconnaissable. Les arêtes sont celles de carcasses de perches du Nil que manipulent des miséreux. Une fumée vient parfois obscurcir la vue. On reconnaît sans peine le site où Hubert Sauper, réalisateur du Cauchemar de Darwin, a tourné une scène de son film, l'une des plus poignantes, sur les conséquences de la pêche de la perche du Nil à Mwanza, village du lac Victoria, en Tanzanie. A l'écran, le visage d'une femme borgne témoignait de toute la misère des forçats du poisson, travaillant au séchage des carcasses, ces sous-produits d'une industrie de la pêche prélevant les filets pour l'exportation et abandonnant des rebuts ignobles à la population tanzanienne.
Les évidences visuelles sont parfois trompeuses. Des tonnes de "pankis", comme on nomme ces carcasses de perche, sont bien fabriquées sur les tréteaux du site de Nyamhongolo, à une dizaine de kilomètres de Mwanza, par des malheureux qui se souviennent du passage du "Blanc avec sa caméra" et le miment en train de les filmer. Seulement ces "pankis", contrairement à ce que suggère le film, ne sont pas destinés à la consommation humaine, mais à celle des poulets et des porcs. D'autres restes de poisson, un peu plus loin, sont bien destinés aux hommes. Ces morceaux plus que modestes, qui trouvent preneur dans toute la Tanzanie, sont quant à eux soigneusement lavés, puis fumés ou frits.
Ce qui sépare la réalité du film relève-t-il d'une erreur, d'une inexactitude ou d'une supercherie ? La question a de l'importance, alors que le film d'Hubert Sauper, après avoir rencontré un succès considérable auprès du public, remporté de nombreuses récompenses, est à présent en compétition pour les Oscars, dimanche 5 mars et, surtout, fait l'objet d'une polémique, après la publication d'un article de la revue Les Temps modernes (nos 635-636) signé François Garçon, contestant le sérieux des faits présentés.
Sur place, à Mwanza, que voit-on ? D'abord, force est de constater que les industriels qui achètent le poisson pour en conditionner et en exporter les filets ont jusqu'ici fonctionné en cartel, fixant les prix, faisant la loi. De plus, les pêcheries industrielles prélèvent, avec les filets, 30 % à 40 % en moyenne (65 % au maximum) du poids des poissons. Les "pankis", rebut des usines, ont pourtant créé une nouvelle activité.
Dure sans doute, ignoble vue à distance, mais bienvenue sur place. Un exemple. Un "moulin" comme celui de Faida Shija, à la sortie de Mwanza, fabrique, comme un certain nombre d'autres, 20 tonnes d'aliments pour animaux par semaine, vendus aux grands élevages industriels du Kenya voisin, à deux cents dollars la tonne. Une fortune en regard des 350 dollars du salaire annuel tanzanien moyen. La chair de la perche est salée pour les commerces locaux, la vessie du poisson est prélevée pour des usages médicinaux, sa graisse sert à fabriquer de l'huile, la peau est transformée en cuir... Il est impossible de dire combien de personnes bénéficient des mille métiers "informels" du poisson, qui échappent à toutes les statistiques et à toutes les analyses des spécialistes. Les plus optimistes estiment que le secteur de la pêche engendre un million d'emplois autour du lac. Les plus pessimistes affirment que les pêcheries industrielles, en cassant des systèmes traditionnels de commercialisation, produisent du chômage.
A la base de cette fourmilière, les pêcheurs sont-ils les grands perdants de l'exploitation de la perche du Nil, esclaves des pêcheries et du commerce international condamnés à pêcher et mourir dans les "colonies de travail" dénoncées par Le Cauchemar de Darwin ? Dans la région de Mwanza, dans le village d'Igombe, des pêcheurs accostent à côté de groupes qui halent d'immenses filets depuis la rive. Au total, 78 000 pêcheurs, selon les dernières estimations, traquent les poissons sur la partie tanzanienne du lac. Les prises sont payées 1,30 dollar (1,09 euro) le kilo. Au départ des usines, le prix de vente des filets est de 2,83 euros. La différence est de taille, mais au bout du mois, de nombreux pêcheurs gagnent, de l'avis général, plus d'argent qu'un fonctionnaire.
Le long des plages où abordent les pêcheurs, les exemples de réussite ne sont pas exceptionnels, comme en témoignent aussi les maisons en construction et la flotte de 350 embarcations du petit village d'Igombe. Malgré sa chemise déchirée, Mware Muhana "remercie" la perche du Nil pour ses bienfaits. "Grâce à ce poisson, j'ai deux maisons et mes enfants vont à l'école primaire. Si l'argent continue à arriver, ils iront à l'école secondaire." Quant à manger de la perche du Nil, comme tous ceux de la région, il fait la grimace. "Ici, on aime le saato (tilapia). Le sangala (perche du Nil), ça n'a pas de goût, c'est un poisson pour les Blancs."
Pour une réussite, combien d'échecs ? Attirant de plus en plus de bras et d'espoirs fous, le véritable cauchemar du lac Victoria sera-t-il celui de l'extinction de ses poissons ? Après le pic des années 1980, la taille des perches et le nombre de prises ont diminué, mais les pêcheurs des trois pays riverains du lac, Tanzanie, Kenya, et Ouganda, continuent de sortir 350 000 tonnes de perche par an avec des moyens traditionnels, un record mondial. Curieux succès pour un poisson de mauvais augure, carnassier introduit clandestinement dans les années 1950, contre l'avis des scientifiques, pour parer à la raréfaction, déjà, d'espèces locales. A sa décharge, la perche vivait dans le lac Kyoga voisin sans entraîner de catastrophe. Il a fallu vingt ans pour découvrir qu'elle était en train de dévorer une partie des nombreuses espèces du lac Victoria. Depuis, trois espèces, dont la perche, y prospèrent inexplicablement, tandis que près de deux cents autres ont disparu.
Le drame est peut-être imminent, mais dans l'intervalle, Mwanza profite du succès du poisson, comme le reconnaît par exemple l'avocat James Njelwa, qui ne peut être soupçonné de complaisance vis-à-vis des industriels de la pêche, qu'il combat depuis des années avec l'organisation Lawyer's Environmental Action Team (LEAT). Mais à l'idée que les pays riches puissent cesser d'acheter les filets pour faire cesser "l'exploitation" des Tanzaniens, il s'indigne : "Mais ils sont fous ! Ils veulent nous condamner à la pauvreté ? Il y a dix ans, ici, il n'y avait aucune activité. Maintenant, une bonne partie des nouveaux bâtiments de la ville ont été construits grâce à la perche du Nil."
A quelques kilomètres de son bureau, deux Iliouchine attendent sur le tarmac de l'aéroport de Mwanza. Les quadriréacteurs originaires des pays de l'ex-bloc soviétique - ceux de ce jour-là sont immatriculés en Moldavie - amènent-ils des armes dans leurs soutes pour les débarquer discrètement à Mwanza avant de repartir avec des cargaisons de poisson, comme l'avance Le Cauchemar de Darwin ?
L'un des meilleurs spécialistes des trafics d'armes en Afrique, basé dans la région, décrit ainsi le commerce triangulaire rodé depuis plus d'une décennie : "Les Iliouchine quittent leur pays d'Europe de l'est avec des armes. Ils livrent leur cargaison à des gouvernements africains puis partent faire le plein de carburant là où il est bon marché, en Libye, au Soudan ou en Egypte. Enfin, ils vont à Mwanza pour charger du poisson ou des fleurs. Cette dernière étape finance le voyage de retour, qui coûte 40 000 dollars en carburant." Et de conclure : "A Mwanza, par définition, il ne se passe pas grand-chose côté trafic, puisque l'opération est déjà terminée quand les avions arrivent."
Jean-Philippe Rémy
Copyright Le Monde
Article paru Le Monde daté du 04.03.06
Contre-enquête sur un cauchemar
Avec son immense labyrinthe de tréteaux où sèchent, en plein vent, des rebuts de poissons grouillants de vermine, la scène est immédiatement reconnaissable. Les arêtes sont celles de carcasses de perches du Nil que manipulent des miséreux. Une fumée vient parfois obscurcir la vue. On reconnaît sans peine le site où Hubert Sauper, réalisateur du Cauchemar de Darwin, a tourné une scène de son film, l'une des plus poignantes, sur les conséquences de la pêche de la perche du Nil à Mwanza, village du lac Victoria, en Tanzanie. A l'écran, le visage d'une femme borgne témoignait de toute la misère des forçats du poisson, travaillant au séchage des carcasses, ces sous-produits d'une industrie de la pêche prélevant les filets pour l'exportation et abandonnant des rebuts ignobles à la population tanzanienne.
Les évidences visuelles sont parfois trompeuses. Des tonnes de "pankis", comme on nomme ces carcasses de perche, sont bien fabriquées sur les tréteaux du site de Nyamhongolo, à une dizaine de kilomètres de Mwanza, par des malheureux qui se souviennent du passage du "Blanc avec sa caméra" et le miment en train de les filmer. Seulement ces "pankis", contrairement à ce que suggère le film, ne sont pas destinés à la consommation humaine, mais à celle des poulets et des porcs. D'autres restes de poisson, un peu plus loin, sont bien destinés aux hommes. Ces morceaux plus que modestes, qui trouvent preneur dans toute la Tanzanie, sont quant à eux soigneusement lavés, puis fumés ou frits.
Ce qui sépare la réalité du film relève-t-il d'une erreur, d'une inexactitude ou d'une supercherie ? La question a de l'importance, alors que le film d'Hubert Sauper, après avoir rencontré un succès considérable auprès du public, remporté de nombreuses récompenses, est à présent en compétition pour les Oscars, dimanche 5 mars et, surtout, fait l'objet d'une polémique, après la publication d'un article de la revue Les Temps modernes (nos 635-636) signé François Garçon, contestant le sérieux des faits présentés.
Sur place, à Mwanza, que voit-on ? D'abord, force est de constater que les industriels qui achètent le poisson pour en conditionner et en exporter les filets ont jusqu'ici fonctionné en cartel, fixant les prix, faisant la loi. De plus, les pêcheries industrielles prélèvent, avec les filets, 30 % à 40 % en moyenne (65 % au maximum) du poids des poissons. Les "pankis", rebut des usines, ont pourtant créé une nouvelle activité.
Dure sans doute, ignoble vue à distance, mais bienvenue sur place. Un exemple. Un "moulin" comme celui de Faida Shija, à la sortie de Mwanza, fabrique, comme un certain nombre d'autres, 20 tonnes d'aliments pour animaux par semaine, vendus aux grands élevages industriels du Kenya voisin, à deux cents dollars la tonne. Une fortune en regard des 350 dollars du salaire annuel tanzanien moyen. La chair de la perche est salée pour les commerces locaux, la vessie du poisson est prélevée pour des usages médicinaux, sa graisse sert à fabriquer de l'huile, la peau est transformée en cuir... Il est impossible de dire combien de personnes bénéficient des mille métiers "informels" du poisson, qui échappent à toutes les statistiques et à toutes les analyses des spécialistes. Les plus optimistes estiment que le secteur de la pêche engendre un million d'emplois autour du lac. Les plus pessimistes affirment que les pêcheries industrielles, en cassant des systèmes traditionnels de commercialisation, produisent du chômage.
A la base de cette fourmilière, les pêcheurs sont-ils les grands perdants de l'exploitation de la perche du Nil, esclaves des pêcheries et du commerce international condamnés à pêcher et mourir dans les "colonies de travail" dénoncées par Le Cauchemar de Darwin ? Dans la région de Mwanza, dans le village d'Igombe, des pêcheurs accostent à côté de groupes qui halent d'immenses filets depuis la rive. Au total, 78 000 pêcheurs, selon les dernières estimations, traquent les poissons sur la partie tanzanienne du lac. Les prises sont payées 1,30 dollar (1,09 euro) le kilo. Au départ des usines, le prix de vente des filets est de 2,83 euros. La différence est de taille, mais au bout du mois, de nombreux pêcheurs gagnent, de l'avis général, plus d'argent qu'un fonctionnaire.
Le long des plages où abordent les pêcheurs, les exemples de réussite ne sont pas exceptionnels, comme en témoignent aussi les maisons en construction et la flotte de 350 embarcations du petit village d'Igombe. Malgré sa chemise déchirée, Mware Muhana "remercie" la perche du Nil pour ses bienfaits. "Grâce à ce poisson, j'ai deux maisons et mes enfants vont à l'école primaire. Si l'argent continue à arriver, ils iront à l'école secondaire." Quant à manger de la perche du Nil, comme tous ceux de la région, il fait la grimace. "Ici, on aime le saato (tilapia). Le sangala (perche du Nil), ça n'a pas de goût, c'est un poisson pour les Blancs."
Pour une réussite, combien d'échecs ? Attirant de plus en plus de bras et d'espoirs fous, le véritable cauchemar du lac Victoria sera-t-il celui de l'extinction de ses poissons ? Après le pic des années 1980, la taille des perches et le nombre de prises ont diminué, mais les pêcheurs des trois pays riverains du lac, Tanzanie, Kenya, et Ouganda, continuent de sortir 350 000 tonnes de perche par an avec des moyens traditionnels, un record mondial. Curieux succès pour un poisson de mauvais augure, carnassier introduit clandestinement dans les années 1950, contre l'avis des scientifiques, pour parer à la raréfaction, déjà, d'espèces locales. A sa décharge, la perche vivait dans le lac Kyoga voisin sans entraîner de catastrophe. Il a fallu vingt ans pour découvrir qu'elle était en train de dévorer une partie des nombreuses espèces du lac Victoria. Depuis, trois espèces, dont la perche, y prospèrent inexplicablement, tandis que près de deux cents autres ont disparu.
Le drame est peut-être imminent, mais dans l'intervalle, Mwanza profite du succès du poisson, comme le reconnaît par exemple l'avocat James Njelwa, qui ne peut être soupçonné de complaisance vis-à-vis des industriels de la pêche, qu'il combat depuis des années avec l'organisation Lawyer's Environmental Action Team (LEAT). Mais à l'idée que les pays riches puissent cesser d'acheter les filets pour faire cesser "l'exploitation" des Tanzaniens, il s'indigne : "Mais ils sont fous ! Ils veulent nous condamner à la pauvreté ? Il y a dix ans, ici, il n'y avait aucune activité. Maintenant, une bonne partie des nouveaux bâtiments de la ville ont été construits grâce à la perche du Nil."
A quelques kilomètres de son bureau, deux Iliouchine attendent sur le tarmac de l'aéroport de Mwanza. Les quadriréacteurs originaires des pays de l'ex-bloc soviétique - ceux de ce jour-là sont immatriculés en Moldavie - amènent-ils des armes dans leurs soutes pour les débarquer discrètement à Mwanza avant de repartir avec des cargaisons de poisson, comme l'avance Le Cauchemar de Darwin ?
L'un des meilleurs spécialistes des trafics d'armes en Afrique, basé dans la région, décrit ainsi le commerce triangulaire rodé depuis plus d'une décennie : "Les Iliouchine quittent leur pays d'Europe de l'est avec des armes. Ils livrent leur cargaison à des gouvernements africains puis partent faire le plein de carburant là où il est bon marché, en Libye, au Soudan ou en Egypte. Enfin, ils vont à Mwanza pour charger du poisson ou des fleurs. Cette dernière étape finance le voyage de retour, qui coûte 40 000 dollars en carburant." Et de conclure : "A Mwanza, par définition, il ne se passe pas grand-chose côté trafic, puisque l'opération est déjà terminée quand les avions arrivent."
Jean-Philippe Rémy
Copyright Le Monde
Article paru Le Monde daté du 04.03.06
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Re: [film]Le cauchemar de Darwin
Reste que les armes, les munitions, les excédents agricoles, les médicaments, les prets viennent du nord, et que les ressources et le remboursement de la dette viennent d'afrique.
La question qui vient directement en voyant ce film est : pourquoi les gens ne pêchent pas pour eux mais pour l'exportation? La réponse a été apportée à la suite du film : pour avoir le droit de pécher, il faut pécher pour l'industrie, simplement.
2 millions de parts de poisson exportées par jour, 2 millions de personnes menacées par la famine au même moment, dans le même pays.
19 eme siècle, en Irlande, maladie de la pomme de terre, famine. Les terres riches étaient réservées pour l'élevage, pour l'exportation en angleterre.
Les irlandais ont fui vers les états unis. Les africains fuient vers le nord.
Ah, j'oubliais, il y avait une loi interdisant aux irlandais de manger du poisson.
Pour ce qui est du crédit à apporter à ce film, c'est simple, on voit très bien les gens sincères et ceux qui sont mal à l'aise. Les gens simples : les gamins, les prostituées, les pécheurs sont sincères. Quand le pilote de l'Iliouchine le devient ça se voit aussi.
Je choisis de les croire, comme j'ai cru cette sénégalaise qui m'a expliqué comment l'UE a foutu en l'air les éleveurs de poulet qui s'organisaient avec son poulet congelé à 1000 CFA le Kilo.
La question qui vient directement en voyant ce film est : pourquoi les gens ne pêchent pas pour eux mais pour l'exportation? La réponse a été apportée à la suite du film : pour avoir le droit de pécher, il faut pécher pour l'industrie, simplement.
2 millions de parts de poisson exportées par jour, 2 millions de personnes menacées par la famine au même moment, dans le même pays.
19 eme siècle, en Irlande, maladie de la pomme de terre, famine. Les terres riches étaient réservées pour l'élevage, pour l'exportation en angleterre.
Les irlandais ont fui vers les états unis. Les africains fuient vers le nord.
Ah, j'oubliais, il y avait une loi interdisant aux irlandais de manger du poisson.
Pour ce qui est du crédit à apporter à ce film, c'est simple, on voit très bien les gens sincères et ceux qui sont mal à l'aise. Les gens simples : les gamins, les prostituées, les pécheurs sont sincères. Quand le pilote de l'Iliouchine le devient ça se voit aussi.
Je choisis de les croire, comme j'ai cru cette sénégalaise qui m'a expliqué comment l'UE a foutu en l'air les éleveurs de poulet qui s'organisaient avec son poulet congelé à 1000 CFA le Kilo.