Signons un traité avec les Aborigènes!courrier international

[Miss_Naty]

AUSTRALIE - Signons un traité avec les Aborigènes ! (article paru dans courrier international, 9-15 juin 2005, p 29

Il faut relancer l’idée d’un accord entre gouvernement et peuples autochtones. C’est le seul moyen de donner aux premiers habitants du territoire la place qu’ils n’ont jamais eue dans la nation australienne.


Les Australiens ont peut-être la réputation de se méfier des grandes idées, mais les solutions pratiques les intéressent. En 2000, l’idée qu’un traité soit signé entre le gouvernement et les Aborigènes pour faire progresser la réconciliation dans notre pays a été avancée. Cette grande idée a reçu un accueil mitigé, comme cela s’était déjà produit auparavant. Elle mérite pourtant qu’on s’y attarde. Elle permettrait, en effet, de régler à la fois des problèmes pratiques et des questions symboliques. Par traité, nous entendons un accord négocié entre les peuples indigènes et le gouvernement australien et établissant une série de droits, d’obligations et de perspectives mutuels. Ce traité fixerait un cadre qui serait complété par des accords négociés au niveau national et régional.
Le débat s’est récemment concentré sur les problèmes sociaux des communautés aborigènes et sur le développement de leur autonomie économique. Un traité permettrait d’aller au fond des choses et de véritablement changer la vie des gens. Loin de s’écarter des questions pratiques que sont la santé, l’éducation et l’emploi, il devrait au contraire les faire avancer.

La constitution ignore l’existence des Aborigènes

C’est ce qui se passe en Nouvelle-Zélande, où les relations entre les Maoris et le gouvernement sont régies par le traité de Waitangi [signé en 1840 entre les Britanniques et les chefs maoris]. Au Canada, les accords conclus dans le passé et les traités modernes ont contribué au développement économique et social des communautés indiennes. Aux Etats-Unis, l’autodétermination est, selon des chercheurs de Harvard, le seul moyen de lutte contre la pauvreté qui ait fonctionné pour les Indiens.
Si le gouvernement veut des gens responsables plutôt que dépendants, il ne peut pas passer son temps à leur dire ce qu’ils doivent faire. Il doit les autoriser à prendre des décisions et les aider à mettre sur pied des institutions à même de leur permettre d’exercer leur pouvoir décisionnaire. Ce n’est pas simple, et il y aura sans doute des erreurs au cours du processus, mais les communautés pourront en tirer les enseignements et ne devront pas se contenter de subir les égarements gouvernementaux.
Un traité apporterait également de grands changements dans la législation du pays. L’Australie a jadis connu la discrimination, sous des formes difficiles à imaginer aujourd’hui. Les Aborigènes n’ont obtenu le droit de vote aux élections fédérales qu’en 1962. Les lois discriminatoires ont disparu graduellement et d’autres lois sont apparues, qui protègent les intérêts des indigènes, telle la législation sur la terre et sur le patrimoine culturel. La législation reste cependant hétérogène et ne s’engage pas assez en leur faveur. Elle peut en outre varier en fonction des alternances politiques. Un traité soutenu par notre Constitution offrirait une base juridique plus solide à l’établissement d’une relation durable. Actuellement, notre Constitution ne mentionne même pas l’existence de ces peuples, qui étaient pourtant là deux mille générations avant l’arrivée des Européens.
De même qu’il modifierait la législation, un traité permettrait de résoudre des problèmes pratiques. En exprimant les valeurs importantes de notre société, comme le respect et la responsabilité, il aurait des effets sur la santé et le bien-être des gens. Selon l’Organisation mondiale de la santé, l’exclusion est l’un des facteurs de mauvaise santé, et les réformes juridiques peuvent favoriser l’intégration.

Les expériences étrangères peuvent servir d’exemple

En Australie, la santé des Aborigènes est un problème national ; leur espérance de vie est inférieure de vingt ans à celle du reste de la population. Est-ce une coïncidence si l’espérance de vie des peuples indigènes est meilleure au Canada, qui a une politique d’accords avec les tribus, dont les droits sont protégés par la Constitution ? Ou en Nouvelle-Zélande, où la politique gouvernementale est guidée par le traité de Waitangi ? Ou aux Etats-Unis, où l’indépendance politique des nations indiennes est reconnue depuis longtemps ?
Tous ces pays ont en matière de traités une expérience, bonne ou mauvaise, dont l’Australie pourrait tirer les enseignements. En 1992, l’arrêt Mabo de notre Haute Cour a transformé le débat en qualifiant de fiction juridique l’idée que le territoire australien n’appartenait à personne avant l’arrivée des Britanniques. Mais nous ne possédons aucune législation qui en prenne acte. La reconnaissance des titres de propriété des Aborigènes était pour certains prometteuse d’un avenir meilleur, mais ses effets se sont avérés mitigés.
Comme l’a reconnu le Premier ministre John Howard, l’Australie a été colonisée sans traité ni consentement des Aborigènes. Cette injustice de départ n’a fait que grandir au fil du temps. Un traité moderne permettrait de prendre un nouveau départ. Cet accord n’aurait pas besoin de remettre en question l’intégrité de l’Etat-nation australien – les expériences étrangères le prouvent. En donnant aux peuples indigènes la place qu’ils n’ont jamais eue, il ouvrirait peut-être même la voie à une plus grande unité. Il permettrait également de s’attaquer à des problèmes sociaux et économiques urgents.
Un traité, c’est peut-être une grande idée, mais c’est aussi une solution tant pratique que symbolique pour faire avancer les relations entre les peuples indigènes et le gouvernement australien.


Sean Brennan
The Age Melbourne

[Zout]

Il n'y à plus qu'à espérer que cela ce réalise rapidement et dans les meilleurs conditions possibles pour le peuple Aborigène.
Mais en plus de cette constitution qui devrait garantir une reconnaissance et des droits à ce peuple, un effort au niveau des mentalités est nécessaires pour que cela soit applicable et c'est encore une autre histoire... :2: (par exemple pourquoi y a t'il tant d'Abo dans les prisons... Sont-ils tous des criminel ?)

Quand je pense à ce genre de chose (leur avenir...) je suis toujours défétiste, car malgrès tous ce qu'ils ont subi, ils subissent encore et j'ai peur que cela continu.

Actuellement le processus d’un accord entre gouvernement et peuples autochtones est-il réellement arrété ? (c'est une simple question)

[Miss_Naty]

tant qu'Howard ou les conservateurs seront au pouvoir, à mon avis, les choses n'avanceront pas beaucoup....