France Didgeridoo

Bonjour à tous!

Il y a quelques temps la maman de ma chérie m'avait offert une large enveloppe contenant quelques pages de journal au papier vieilli fleurant bon le vieux parchemin:
Il s'agit d'un article du journal "A travers le Monde" daté de 1897 (l'année de naissance de mon arrière-arrière-grand-mère), décrivant dans les grandes lignes pour le bon public français d'alors les moeurs des Aborigènes d'Australie au plus fort de l'ère coloniale.

Je vous met le scan de l'article à disposition ici, j'espère que les amoureux des cultures originelles de l'Australie apprécieront ce petit fragment d'Histoire.
Je préfère cependant vous avertir, on baignait alors dans l'âge d'or du colonialisme et de la supériorité des blancs sur les autres races, le texte est hardcore de ce point de vue, enfin ça témoigne d'une mentalité et d'une époque... Bref cramponnez-vous.

Que de chemin a été parcouru jusqu'à nos jours!

Horrible, drôle et magnifique à la fois... merci du partage

"Les hommes sont de grande taille et bien découplés." ??? (2° paragraphe)

excellent !!
merci makowh

Merci de partager cette tranche d'histoire, Makowh !

Le texte est hardcore comme tu le dis, mais il y a franchement bien pire si l'on se penche sur les textes australiens de la même époque - qui considèrent ouvertement les aborigènes comme des "grands singes" à demi-humain et qui appellent à leur assimilation dans le meilleur des cas, ou à leur extermination dans le pire...
Là, l'auteur de l'article ne semble pas avoir de mépris sensible pour les aborigènes : la classification qu'il effectue ("les noirs indigènes de l'Australie paraissent appartenir à la race éthiopienne, la plus basse dans l'échelle des civilisations") et les descriptions parfois folkloriques ("les femmes sont beaucoup plus petites, moins bien faites que les hommes, et fort laides") sont typiques de cette période où le racisme était institutionnalisé et officialisé par les sciences. On pensait réellement, et souvent sans méchanceté, que les autres "races humaines" étaient moins développées, moins abouties... et que la race blanche se devait de jouer un rôle de glorieux phare de la civilisation, en apportant le progrès et le développement technologique à ces peuples plongés dans les ténèbres des superstitions et de l'âge de pierre.
Il ne faut pas oublier qu'à la même époque, en France, on pensait très sérieusement pouvoir détecter les criminels au sein de la population en étudiant les traits de leur visage (phrénologie) ou leur anatomie (anthropométrie), et que les femmes étaient considérées comme dépourvues de réflexion et de sens critique (donc placées sous la tutelle de leur mari ou de leur père, et dépourvues de droit de vote !).

L'auteur semble même regretter les massacres dont sont objet les aborigènes. Un regret mou et sans conviction, mais un regret quand même...

Les photos des aborigènes du Victoria sont très intéressantes, car ces populations ont été très rapidement exterminées/assimilées et aucun ethnologue ne s'est jamais vraiment intéressé à eux. A l'inverse, les aborigènes d'Arnhem land et du désert central nous sont mieux connus via l'importante œuvre de terrain (dont les célèbres photographies) réalisées par Donald Thomson entre 1930 et 1960.

Mythique ! Merci Makowh
Je reprends les mots de KiD : "Horrible, drôle et magnifique à la fois... merci du partage"

L'hypothèse historico-génétique sur la différence de "beauté" entre les hommes et les femmes est juste hallucinante !
Monsieur le vice-consul de France à Melbourne ignore-t-il comment on fait les bébés ?

Boomerangs : c'est bien, il ne s'attarde pas simplement sur ceux avec retour... par contre son interprétation scientifique de la précession gyroscopique c'est du grand n'importe quoi : comparer ça avec le retour du cerceau d'enfant lancé avec une rotation inverse à sa course.
Bien sûr, malgré ce qu'il dit, le boomerang existait bel et bien ailleurs (au moins chez les indiens Hopis, les Égyptiens antiques, et en Pologne).

Un truc m'intrigue : "chaque tribu a un chef dont l'autorité est suprême"...
D'après ce que j'en sais, leur rapide déchéance après l'invasion et leurs problèmes actuels sont en grande partie dus au fait que justement ils N'ONT PAS d'autorité suprême.

Pour les "Corroboris, [...] ils portent des couvre-chefs [...] en peaux d'écureuils" WTF ? L'écureuil a été importé en Australie par les Blancs !

"La fête se termine par un grand festin et dégénère en une grossière orgie" !!!

"De ses ongles, qu'il avait fort long, il lui lacérait le dos"... bin oui, c'est bien connu : elles ont dés griffes ces bêtes-là

Ces quelques points sidérants mis à part, la lecture de l'article est très enrichissante.
L'auteur, baigné évidemment dans l'ère colonialiste et raciste de l'époque et du lieu, laisse quand même transparaitre une certaine empathie vis-à-vis des "sauvages".
Il est même choqué qu'on lui ai proposé d'en tuer quelques uns pour collectionner leurs crânes, c'est dire !
J'ai découvert la "Bretta Turdi Kurnai", dont je n'avais jamais entendu parlé ou lu quoi que ce soit dessus avant... à vérifier quand même.

Merci encore Makowh pour ce partage !

Ahaw a écrit :Un truc m'intrigue : "chaque tribu a un chef dont l'autorité est suprême"...
D'après ce que j'en sais, leur rapide déchéance après l'invasion et leurs problèmes actuels sont en grande partie dus au fait que justement ils N'ONT PAS d'autorité suprême.

Je pense qu'il y a une confusion de l'auteur entre les notions de tribu et de clan. Les clans aborigènes sont bien dirigés par un ou plusieurs anciens et chefs, qui sont à la tête du groupe et prennent les décisions en son nom.

Ahaw a écrit :Pour les "Corroboris, [...] ils portent des couvre-chefs [...] en peaux d'écureuils" WTF ? L'écureuil a été importé en Australie par les Blancs !

J'imagine qu'il s'agit d'un abus de langage pour parler de l'écureuil marsupial (qui est un nom vulgaire pour désigner les phalangers).
Ces animaux n'ayant pas de nom en anglais, les premiers occidentaux à débarquer en Australie se sont débrouillés comme ils ont pu pour les qualifier... Par exemple les koalas, avant d'être appelés ainsi d'après un terme de dialecte aborigène, étaient simplement désignés par les termes de "monkeys" ou "bears" par les colons.

Note que ça continue encore aujourd'hui : on voit très souvent les aborigènes parler de "chat"(par exemple dans les CDs Djalu Teaches, les manikays Marurrumburr, laconiquement traduit par "cat"), alors qu'en fait ils s'agit de marsupiaux carnivores de la famille des Dasyurus.

Ahaw a écrit : "De ses ongles, qu'il avait fort long, il lui lacérait le dos"... bin oui, c'est bien connu : elles ont dés griffes ces bêtes-là

En même temps, c'est un monstre, il a le droit d'avoir des griffes s'il veut !

merci!