L'embout d'un didgeridoo est très
important, car il doit parfaitement vous convenir afin que vous puissiez
être capable de jouer confortablement durant de longues périodes de temps.
Heureusement, vous pouvez façonner l'ouverture à votre goût avec de la
cire d'abeille ("beewax"). L'idéal serait d'avoir un embout
vous permettant de jouer sans cire, mais ceci est rare, et la plupart
des didges se jouent avec de la cire. La chose primordiale est que l'embouchure
en bois ne soit pas trop petite pour votre bouche, et si vous êtes un
débutant, qu'elle soit suffisamment grande pour vous permettre de l'élargir
lorsque vous allez vous améliorer. Personnellement, j'aime une forme légèrement
ovale, mais vous devez trouver vous-même ce qui vous convient le mieux.
Le forage ("bore").
Qu'est-ce qu'un didgeridoo si ce
n'est qu'un tronc d'arbre creusé? Cette façon dont il est creusé est ce
qui fait la différence entre un grand didge ou un bâton creux. Comme nous
avons peu de contrôle sur ce le travail que les termites réalisent sur
la bûche, mis à part quelques modifications mineures, nous pouvons seulement
approuver ou désapprouver le résultat final.
Voici ici quelques caractéristiques qui doivent être
examinées.
La régularité.
La partie creuse tout au long du
didge doit être régulière, sans constrictions sérieuses, ou angles très
aigus. A moins que le didge ne soit courbé, vous devriez être capable
de voir à travers l'autre extrémité sans trop d'obstruction. Si vous allez
acheter un didge, ça ne coûte rien de prendre une petite lampe de poche
afin de vérifier l'intérieur de la partie creuse. Si elle est tortueuse
et resserrée, l'instrument est enclin à une forte résistance à la pression
("backpressure").
Le profil de l'instrument
("taper").
Le profil idéal d'un didgeridoo
serait une embouchure qui coïnciderait avec la taille de vos lèvres, et
qui s'élargirait doucement jusqu'à l'autre extrémité. Le profil idéal
s'apparente alors à la forme d'un cône dont la hauteur est très supérieure
à son diamètre. Cette configuration donne un bon compromis de "backpressure",
ce qui facilite le jeu. Souvent, l'extrémité du didgeridoo sera ciselée
délibérément par son créateur pour accentuer l'évasement du tuyau. Ceci
permet en plus à celle-ci d'agir comme un amplificateur (un peu comme
le cornet sur un phonographe).
Le diamètre.
Comme mentionné au-dessus, le profil
doit s'élargir d'une embouchure confortable à un embout évasé. A l'embouchure
le diamètre doit être autour 3 à 5 centimètres, et de l'autre côté doit
être entre 3 à 8 centimètres.
L'égalité de surface.
Touts ces petits sillons creusés
par les termites que vous pouvez observer tout au long du tuyau tendent
à faire une grande différence dans le son produit. Il s'avère que si la
partie interne est très lisse et régulière, la note fondamentale sera
bien définie, mais avec une harmonique haute quant à elle, moins bien
définie. Un didgeridoo avec plus de "garniture" à l'intérieur
aura des harmoniques hautes plus riches, et une fondamentale plus soumise.
En bref, des termites avec du caractère ajoutent du caractère au son.
La densité du bois.
La densité du bois avec lequel le
didge a été construit fait une très grande différence dans le son que
vous obtenez. Les didges en bois dur (bois à haute densité qui demande
de longues soirées de travail pour creuser manuellement l'instrument)
sonne plus gaiement, et plus vivement qu'un équivalent en bois plus tendre.
Les didges australiens sont faits de différents types de bois, alors ne
vous attendez pas à ce qu'ils sonnent tous pareil. Il y a également des
centaines d'espèces d'Eucalyptus!
L'épaisseur de la cloison.
Je me suis laissé dire que plus
l'épaisseur de la cloison était mince meilleur était le son. Bien sûr,
plus elle est mince, plus elle est susceptible de se crevasser. Je pense
que l'épaisseur de la cloison doit être comprise entre 1 et 2 centimètres.
Pendant l'examen physique de votre futur achat, vérifiez avec soin les
endroits où la cloison devient très mince, car c'est ici que les fissures
peuvent se développer.
Les craquelures.
Elles sont probablement votre plus
grand risque avec un didge en bois. Malheureusement, le simple fait de
jouer avec le didge va amplifier le problème, l'humidité (salive et souffle)
pénétrera le bois est sera la cause principale des craquelures. Quand
vous achetez un didge, examinez avec précaution chaque centimètre carré
afin de détecter d'éventuelles fissures susceptibles de s'agrandir. Malheureusement,
ce n'est pas possible avec des didges peints, mais faites de votre mieux.
Vérifiez avec beaucoup d'attention l'embouchure et la base du didge. Un
jour, j'ai vu un didge magnifique en solde fait par Georges Jungawunga.
Malheureusement, le problème était qu'il y avait déjà quelques fissures
sérieuses. J'ai été sérieusement tenté de le prendre, mais je me suis
dit que ses jours de gloire étaient passés, et que sa dégradation irait
croissante avec le temps. Tout ceci ne veut pas dire que les fissures
ne peuvent pas être réparées. Je dis simplement que si vous achetez un
nouveau didge, soyez sûr qu'il n'y a pas de fissures qui causeront la
détérioration de l'instrument. Le problème des fissures est particulièrement
sévère pour les instruments en bambou et en "agave". Évidemment
ce n'est pas pareil pour le plastique!
Pour l'entretien du bois et pour réduire le risque
de fissure, n'hésitez pas à le nourrir avec de l'huile de lin ou de la
cire d'abeilles fondue, mais n'essayez pas de faire de même avec un didge
peint à l'ocre. L'huile abîmerait la décoration irrémédiablement. (Note
de Jojo : Pour réparer les craquelures, j'utilise de la cire d'abeille.
Je la fais fondre et la fais pénétrer dans la brèche. J'ai entendu dire
que l'on pouvait l'agrandir légèrement en la creusant en biseau, afin
de la rendre "plus saine", et de la colmater avec de la colle
à bois).
Le poids.
En fait, le poids n'entre en compte
que d'un côté pratique. Si vous faites des concerts, un didge lourd sera
un fardeau, à la fois à transporter et sur scène. Même si vous le faites
reposer sur une table, supporter le poids de l'extrémité de l'embouchure
pendant une longue période sera fatigant. Si vous pouvez en trouver un
plus léger qui sonne aussi bien, acheter celui-ci à la place! Je sais
que ce n'est pas un facteur fondamentalement important, mais sachez que
David Hudson, quand il donna un concert à San Francisco, a choisi délibérément
un didge de poids léger de chez Clarion pour cette raison.
La décoration.
Commençons avec la décoration des
didgeridoos les plus traditionnels. La déco d'un bon didgeridoo australien
vous en dira souvent beaucoup sur la région dont il provient ainsi que
sur la personne qui l'a fabriqué. L'art aborigène varie énormément en
fonction des différentes régions géographiques. Par conséquent, cela permet
d'identifier la région d'origine de l'instrument. En outre, en sachant
que le design est souvent associé à un "dreaming" possédé par
un artiste particulier, il est possible d'identifier ce dernier grâce
à l'instrument.
La méthode la plus traditionnelle pour la déco est
basée sur des pigments naturels ou sur des ocres. Ils sont habituellement
peints avec des couleurs mates et des tons couleur terre. Bien qu'ils
soient magnifiques, ces pigments nécessitent un soin particulier car ils
sont facilement destructibles, notamment par l'huile. La simple humidité
et le gras de vos mains quand vous tenez le didge effaceront la finition
à l'ocre. Un didge décoré à l'ocre ne doit jamais être entretenu avec
de l'huile.
Des méthodes plus modernes emploient des peintures
synthétiques pour la déco. Celles-ci sont de loin plus résistantes que
leurs équivalents en ocre, et offrent des décorations de couleurs éclatantes
en surabondance. Les didges décorés avec ces peintures sont souvent très
colorés et attirant mais sont bien sûr moins fidèles aux techniques de
décoration originales.
Bien sûr, la déco sur le didgeridoo ne change en rien
la façon de jouer de l'instrument, mais si vous voyez dans votre didge
comme un petit reflet de l'ancienne culture aborigène, alors, une décoration
fidèle sera préférable.
Vérifications utiles.
Gifler l'embouchure.
Une excellente méthode que l'on
m'a apprise pour trancher dans le choix d'un didgeridoo, consiste à gifler
l'embouchure avec la paume de la main et d'écouter la réponse. Donnez-lui
une bonne et vigoureuse claque. (Les ingénieurs associeront ici immédiatement
cela avec un test de réponse d'impulsion). Le didgeridoo sonnera alors,
et vous serez capable de juger à partir de ce son, si oui ou non le didge
est digne de considération. Un piètre didgeridoo aura un son assourdi
et qui s'arrêtera presque immédiatement, sans rendre le moindre son tonique.
Si le didgeridoo semble comme çà, oubliez le. A l'autre extrême, que l'on
retrouve habituellement avec l'intérieur parfaitement lisse des didges
en PVC ou en ABS, on a une résonance trop pure et durant trop longtemps.
Un bon didgeridoo se situera entre ces deux extrêmes, avoir une bonne
résonance, qui ne tarde pas trop longtemps. Si vous écoutez l'album de
didge, "Out of the woods" sur la piste 4, "King Tut,"
vous entendrez Graham Wiggins qui utilise la technique de la gifle sur
l'embouchure de son didgeridoo.
Ajouts de Jojo :
Voici quelques conseils personnels
au sujet du budget.
Le prix d'un didgeridoo peut varier d'une
cinquantaine de francs à plus de 2000F. Voici quelques fourchettes de
prix :
Le didge le moins cher que vous
puissiez trouver est certainement déjà chez vous. Eh oui, on a tous chez
soi des ustensiles qui pourraient servir à bien d'autres choses que leur
utilisation classique. Avec un peu d'imagination essayez de trouver un
didge chez vous, je peux vous garantir qu'il y en a certainement un. Bon,
vous avez enfin trouver, eh oui, bien sur, le tube de métal ou de plastique
rigide de votre aspirateur... Certes, cela fera un piètre didge, mais
ceci est tout à fait satisfaisant pour vous donnez une idée du bourdonnement
de base. Je vous conseille de le nettoyer au préalable pour éviter de
manger trop d'acariens. Ensuite, faites bien attention de ne pas vous
blesser les lèvres sur le tube. En effet, il n'y a pas de cire d'abeille
pour vous protéger la bouche, de plus l'épaisseur du tuyau étant relativement
fine et les arrêtes assez saillantes, il y a moyen de se faire mal. Je
renouvelle ici le conseil pour les débutants, n'appuyez pas le didgeridoo
trop fort sur votre bouche. Un simple contact étanche suffit.
Vous pouvez vous faire vos propres
didges avec des tuyaux de plomberie en plastique. Ceci ne devrait pas
vous revenir très cher. Environ 50F, si vous le faite vous-mêmes. Vous
pouvez le faire avec des coudes (comme une sorte de saxophone) l'avantage
direct est d'avoir la sortie du didge assez près de vos oreilles et par
conséquent de ne pas être confronté au problème intrinsèque de la forme
classique du didge, à savoir de ne pas bien entendre ce que l'on fait.
Vous pouvez le faire en prévoyant de moduler sa longueur pour pouvoir
changer la note fondamentale du bourdonnement de base. Pensez à faire
un pavillon évasé au bout.
Les didges en PVC ou ABS vendus
dans les magasins s'achètent entre 500 et 800F. Bien que leur qualité
sonore soit médiocre, ils ont l'avantage de vous permettre d'acquérir
les techniques de base et ainsi de vous donner les moyens de choisir un
didgeridoo de meilleure qualité. C'est la démarche que j'ai moi-même suivie.
Je ne pense pas que j'aurais été capable de choisir des didges aussi bien
que ceux que je possède maintenant dès le début. Le fait de maîtriser
les bases rudimentaires vous permet d'avoir un avis bien plus critique
lors de votre choix.
Les didges en bambou coûtent généralement
entre 500 et 1000F. Ils sont intéressant également, car ils apportent
un peu plus de vie dans le jeu par rapport à ceux en plastique. En effet,
le problème majeur des didges en PVC ou en ABS est qu'ils ont une note
fondamentale très marqué (un bourdonnement de base très lourd) et sont
généralement très pauvre en harmoniques.
Un didgeridoo en eucalyptus ou en
bois exotique de qualité (tel que l'agave) coûtent en général entre 1000
et 2000F. Là vous avez déjà un didgeridoo de qualité entre les mains.
Méfiez-vous quand même, car parfois le prix n'est pas proportionnel à
la qualité. J'ai vu des didges très chers qui ne valaient pas mieux que
des didges en plastique.
J'ai entendu parler de didges fabriqués
à partir de cactus annelés. La qualité du son était vraiment époustouflante
selon les dires de mon ami. Il existerait également des didges en Plexiglas.
Je n'ai pas d'idée de prix pour ceux là.
Certains magasins vous proposent
de vous racheter vos didges si vous désirez en acquérir de meilleurs.
Ceci est très intéressant financièrement. Mais généralement, lorsqu'on
achète un didgeridoo, on a du mal à s'en séparer ensuite.